Paul Craig Roberts,
le 15 septembre 2015
Paul Craig
Roberts : David Ray Griffin analyse le 11 septembre et le Réchauffement
climatique
D’une manière logique et factuelle qui porte sa marque, David
Griffin étudie si le réchauffement climatique mondial est une fausse théorie de
la conspiration comme la théorie conspirationniste de Washington sur le 11
septembre.
C’est un article long, mais divisé en trois parties. L’article
vous aidera à comprendre la politique sur ces sujets.
http://www.paulcraigroberts.org/2015/09/15/david-ray-griffin-examines-911-global-warming/
Le 11 septembre et le
réchauffement climatique : sont-ils tous deux de fausses théories de la
conspiration ?
Par David Ray Griffin
Introduction
Le 11 septembre 2015 « Centre de clarification
d’informations » - Certaines personnes ont prétendu que le réchauffement
climatique était un mensonge conspirationniste destiné à tromper les gens pour
des raisons pernicieuses. La plus connue de ces personnes est le Sénateur de
l’Oklahoma James Inhofe, qui a publié en 2012 un livre intitulé The Greatest
Hoax (Le canular le plus énorme), qui avertit les gens sur ce « complot du
réchauffement climatique mondial ».
Certains membres du Mouvement pour la Vérité sur le 11
septembre ont soutenu cette vision. Croyant que l’administration Bush-Cheney
avait réalisé un complot avec d’autres pour prétendre à tort que l’Amérique
avait été attaquée par des Musulmans le 11 septembre, ils disent que la fausse
théorie du complot gouvernemental sur le
11 septembre devrait nous rendre attentifs au fait que d’autres affirmations du
gouvernement pourraient également être
des complots pour induire le public en erreur.
Les soupçons à propos des complots du gouvernement ne sont pas
sans fondement. Les affirmations selon lesquelles le gouvernement américain
aurait fourni des comptes-rendus erronés sur tel ou tel évènement sont
généralement rejetées par la presse. Depuis l’époque du rapport de la
Commission Warren, qui n’a pas fait taire les soupçons sur l’assassinat du
Président J. Kennedy qui était un coup monté de l’intérieur, les croyances sur
d’immenses crimes des gouvernements ont été tournées en dérision par la CIA et
la presse, et qualifiées de « théories du complot » au sens péjoratif
du terme. Les gens qui professent de telles croyances sont tournés en ridicule
et qualifiés de « théoriciens de la conspiration », une étiquette qui
implique que leur revendication est évidemment fausse.
Néanmoins, comme Lance de Haven-Smith l’a présenté dans son
livre de 2013 « Conspiracy Theory in America », il est bien connu que
le gouvernement américain a bien orchestré des complots ayant eu d’énormes
conséquences, tels que l’incident du Golfe du Tonkin et l’affaire Iran-Contras,
ainsi que, plus récemment, les allégations que l’Irak ait été impliqué dans les
attentats du 11 septembre et était prêt à utiliser des armes de destruction
massive.
Donc si les gens, croyant qu’il y ait des preuves évidentes
que le 11 septembre était un coup monté de l’intérieur, sont au courant de
l’implication du gouvernement américain dans ces autres complots, il n’y a
aucune raison valable de douter qu’il y ait eu d’autres exemples de complots
qui ont été orchestrés au plus haut niveau.
En particulier, si l’on admet que le 11 septembre était
effectivement un coup monté de l’intérieur, cette hypothèse constituerait-elle
un bon exemple de fond pour soupçonner que le réchauffement climatique ait été
le résultat d’un complot destiné à tromper ?
La phrase « théorie du réchauffement climatique
mondial » est utilisée comme raccourci pour une quadruple
conviction :
-
L’augmentation
du pourcentage de CO2 et d’autres gaz à effet de serre dans l’atmosphère
provoque une augmentation de la température moyenne sur la planète.
-
La
principale cause de cet accroissement des gaz à effet de serre est la
combustion des énergies fossiles.
-
Le
réchauffement climatique mondial provoqué par ces émissions de combustibles à
énergies fossiles commence à modifier le climat.
-
Ce
changement climatique, s’il se poursuit, deviendra de plus en plus destructeur.
Parce que cette quadruple conviction est défendue par
virtuellement tous les climatologues du monde entier, la théorie du
réchauffement climatique peut également être qualifiée de « position de la
science climatique ». Les personnes et les organisations qui contestent la
météorologie en ce sens sont appelées « négationnistes de la science
climatique », « négationnistes du changement climatique » ou
« dénégateurs du réchauffement climatique ». Souvent le terme « négationnisme »
est utilisé pour l’argumentation active contre la météorologie scientifique, et
ceux qui soutiennent cette argumentation sont appelés « négationnistes».
Je me pose la question sur l’importance du 11 septembre par
rapport à la météorologie, non seulement parce que de nombreux adhérents au
Mouvement pour la Vérité sur le 11 septembre ont soutenu la négation du
réchauffement climatique mondial, mais également parce que le succès de ce
mouvement négationniste a été désastreux.
Comme je l’ai documenté dans un livre de 2015, le mouvement
négationniste a été constitué et financé par l’industrie des énergies fossiles,
et le doute créé a été utilisé pour retarder la législation destinée à restreindre
l’usage des énergies fossiles – un retard qui peut avoir pour conséquence la
destruction de la civilisation. Les négationnistes du climat appellent cette
peur être « alarmiste ». Mais il est des périodes où l’alarme est
appropriée et, dans l’argumentation de mon livre, c’en est un exemple
édifiant.
Je pense que c’est une honte que de nombreux adhérents au
Mouvement pour la Vérité sur le 11 septembre aient été amenés à soutenir la
propagande égoïste des industries des énergies fossiles. Je me demande si les
convictions de ce mouvement – que l’histoire officielle sur le 11 septembre
soit un mensonge – offre une base pour accepter le déni de la science
météorologique.
La transition de l’un à l’autre se fait typiquement sur la
base de deux croyances :
-
Les
avertissements des scientifiques sur le réchauffement climatique sont analogues
aux affirmations du gouvernement à propos du 11 septembre.
-
Tout
comme les preuves confirment le mensonge du gouvernement sur le 11 septembre,
les preuves démontrent que l’idée que la combustion des énergies fossiles
menace la civilisation en réchauffant la planète est erronée.
Les deux premières parties étudieront successivement ces deux
croyances; la troisième partie démontrera que nous nous trouvons en effet face
à une urgence climatique.
Première
Partie : Le 11 septembre et le Réchauffement climatique mondial
présentent-ils des analogies ?
Parce que les affirmations concernant le réchauffement
climatique sont analogues aux affirmations du gouvernement sur le 11 septembre,
certaines personnes croient que les deux sont probablement fausses.
Mais les affirmations de l’administration Bush-Cheney sur le
11 septembre ne sont pas du tout analogues aux perceptions généralement admises
sur le réchauffement climatique.
Le 11 septembre, le
réchauffement climatique et la science
Un adhérent bien connu du Mouvement pour la Vérité sur le 11
septembre, qui écrit sous le pseudonyme de « Victronix », a présenté
des arguments sur les croyances habituelles sur le 11 septembre et le
réchauffement climatique, qui sont non seulement très différentes, mais
également opposées dans le sens où elles empêchent les croyances sur le 11
septembre de fournir une analogie avec les croyances des scientifiques sur le
réchauffement climatique. L’idée que le réchauffement climatique soit un
mensonge, souligne-t-elle, implique que « la grande majorité de la
communauté scientifique complote ensemble pour créer un canular mondial – y
compris la Russie et la Chine et la totalité du monde industrialisé – qu’une
crise environnementale mondiale se prépare. En d’autres termes, des milliers de
scientifiques de nombreux pays du monde, y compris de pays opposés entre eux,
se seraient mis d’accord pour raconter un gros mensonge.
Par contraste, dit-elle, le 11 septembre n’a impliqué
« qu’un seul gouvernement national (en collusion avec d’autres dirigeants
de services de renseignement et de gouvernements qui en ont également
bénéficié) à l’aide d’une science à l’accès limité et contrôlé dont les preuves
sont complètement sous contrôle, détruites ou dissimulées ». Cette
« science sous contrôle » est très différente de celle sous-jacente dans le réchauffement
climatique : « les scientifiques du monde entier peuvent
enquêter et mènent des études qui ne font que confirmer et reconfirmer les
mêmes résultats ». A la différence des évènements supposés qui sont
utilisés pour prétendre que les Musulmans ont attaqué l’Amérique le 11
septembre, la science sur le réchauffement climatique est fondée sur « des
évènements en cours dont les preuves sont disponibles à tous dans le monde
entier pour qu’ils les étudient simultanément en utilisant la méthode
scientifique et de simples instruments de mesure et d’analyse ».
Résumant ce sujet, les Australiens Will Grant et Rod Lamberts
ont écrit : « L’idée d’un complot international fomenté à
travers des douzaines de disciplines, des centaines d’institutions et des
milliers de personnes est franchement risible. »
Une relation différente à la science peut également être
énoncée d’une autre manière : la théorie du réchauffement climatique est
analogue, non à la version du gouvernement américain sur les attentats du 11
septembre, mais au rejet par le Mouvement pour la Vérité sur le 11 septembre du
compte-rendu du gouvernement : tout comme le Mouvement pour la Vérité sur
le 11 septembre est soutenu par des scientifiques de diverses disciplines, y
compris la physique et la chimie (ainsi que par des étudiants en architecture
et en ingénierie), l’idée que les énergies fossiles provoquent le réchauffement
climatique et par conséquent le changement du climat est soutenue par la
plupart des scientifiques qui publient des travaux sur le changement climatique
– en fait près de 97,5% d’entre eux.
Donc il s’agit d’une analogie adéquate : le Mouvement
pour la Vérité sur le 11 septembre, qui est appuyé par des preuves
scientifiques, est contesté par le gouvernement américain, que le Mouvement
pour la Vérité sur le 11 septembre considère comme étant à l’origine des
attaques. Et la théorie du réchauffement climatique, qui est fondée sur des
preuves scientifiques, est contestée par les industries des énergies fossiles,
que les climatologues considèrent comme les principaux responsables du
réchauffement climatique mondial.
Donc dans chaque cas, les vues des scientifiques indépendants
sont contestées par de grandes entreprises, qui ont clairement intérêt à
remettre en cause les preuves scientifiques.
Par conséquent, l’idée que le scepticisme sur le 11 septembre
est similaire au scepticisme sur le réchauffement climatique inverse la
relation. Lorsqu’on prétend « qu’ils » trompent le public sur le
réchauffement climatique, tout comme « ils » ont trompé le public sur
les attaques du 11 septembre, il est nécessaire de savoir qui « ils »
sont.
La meilleure piste pour savoir qui « ils » sont dans
chaque cas est de déterminer qui profite de la supercherie.
Le Mouvement pour la Vérité sur le 11 septembre a formé un
consensus global sur ceux qui ont bénéficié de la version officielle sur le 11
septembre : l’administration Bush-Cheney (qui voulait mettre la main sur
les ressources minérales et le gaz naturel de l’Afghanistan* et qui planifiait
d’attaquer l’Irak pour son pétrole) : les grandes compagnies pétrolières
(dont les Directeurs faisaient secrètement partie du groupe de travail sur
l’énergie constitué en 2000 par Dick Cheney) ; Israël (comme l’a déclaré
le rapporteur de la Commission sur le 11 septembre, Philip Zelikow) ;
l’armée américaine (dont le budget a énormément gonflé) ; et les services
de renseignement américains (dont les budgets ont doublé après le 11
septembre). Mais qui sont « ils » dans le cas du réchauffement
climatique ?
*l’auteur a oublié de
mentionner l’opium afghan dans son énumération (NdT.)
Qui a bénéficié du
déni sur le réchauffement climatique ?
Victronix a conclu son argumentation sur le réchauffement
climatique en se posant la question : « qui a bénéficié de
l’affirmation que l’implication humaine était un canular ? » La
réponse à cette question est, bien sûr, les entreprises fournissant des
énergies fossiles, qui ont dépensé des centaines de millions de dollars pour
promouvoir la négation de la science météorologique.
Pendant de nombreuses années, le principal promoteur du déni
de la météorologie a été ExxonMobil, la
société la plus rentable au monde, avec un bénéfice annuel de 40 milliards de $
et qui verse à son PDG un salaire annuel de plus de 30 millions de $.
En plus de payer des millions de dollars à des scientifiques,
lobbyistes et politiciens pour promouvoir le déni du réchauffement climatique,
ExxonMobil a dépensé au moins 25 millions de $ depuis 1998 pour financer plus
de 100 organisations vitrines. ExxonMobil a de ce fait créé l’impression que le
déni du réchauffement climatique avait émergé spontanément chez des
scientifiques, des politiciens et des citoyens ordinaires. Selon un article de
2009 de Raw Story, un « groupe faisant la promotion du scepticisme
climatique avait des liens importants avec ExxonMobil » (c’était sur un
site web répondant à cet article où Victronix avait publié ses commentaires).
Le groupe en question, qui s’appelle le Groupe d’experts
International Non-gouvernemental sur le Changement Climatique, a publié un
rapport intitulé Climate Science Reconsidered (La Science Climatique Reconsidérée).
Argumentant que le réchauffement climatique n’avait pas de cause humaine, ce
rapport énonçait : « C’est la Nature, et non l’activité humaine,
qui régit la planète. » De plus, en référence au livre à succès Merchants
of Doubt (Marchands de Doute), le rapport affirmait que le réchauffement
climatique mondial est « indiscutablement une bonne nouvelle » parce
que les niveaux de CO2 augmentant « accélèrent
la croissance des plantes et rendent les plantes plus résistantes à la
sécheresse et aux maladies. »
Le rapport négationniste a été publié et promu par le
Heartland Institute, qui entre 1998 et 2009 avait bénéficié d’au moins
676 500 $ de financement de la part d’ExxonMobil. Le principal rédacteur du
rapport était S. Fred Singer, qui avait eu une carrière scientifique
notoirement désastreuse, ayant eu tort sur de nombreuses questions dans
lesquelles il contestait le consensus scientifique. Mais sa carrière n’en a pas
moins été une réussite financière.
En 1998, Singer a fondé une organisation appelée The
Science and Environmental Policy Project (le Projet de Politique Scientifique et Environnementale),
afin de commencer un livre sur le réchauffement climatique, et que ExxonMobil a
financé à hauteur de 20 000 $ entre 1998 et 2000.
Comme Naomi Oreskes et Erik Conway l’ont remarqué dans
Marchands de Doute, Singer avait précédemment contribué aux efforts de
l’industrie du tabac pour empêcher toute réglementation sur la fumée
environnementale, également appelée fumée passive. Singer a utilisé ce projet
pour promouvoir ce qu’il a appelé la « science saine » et pour
dénoncer la « science pourrie », par laquelle il désignait plus
particulièrement le rapport de l’EPA* de 1992 selon lequel la fumée passive
provoquait le cancer. Singer était également devenu le conseiller de la
Coalition pour le Progrès de la Science saine (The Advancement of Sound Science Coalition), qui
avait été fondée par Philip Morris pour attaquer le rapport de l’EPA, même si
Philip Morris et a fortiori Singer savaient parfaitement que le rapport de
l’EPA – qui était basé sur des études scientifiques du monde entier – était de
la science saine et non pourrie.
*Agence de Protection de l’Environnement américaine (Environmental
Protection Agency)
Singer avait précédemment gagné de l’argent en s’alliant aux
efforts des industries qui voulaient éviter toute législation pour réduire les
pluies acides. En 1983, il y avait un consensus scientifique écrasant sur le
fait que la pluie acide était provoquée par le soufre émis lors de la
combustion des énergies fossiles, et les Etats-Unis et le Canada devaient
signer un accord pour réduire les émissions de soufre. Mais l’Administration
Reagan, qui était fortement opposée à une telle législation, avait recruté Singer
pour constituer une équipe sur les pluies acides, pour laquelle on lui a permis
d’écrire une annexe séparée, affirmant que les preuves scientifiques étaient
encore incertaines. Par conséquent les Etats-Unis n’ont pas signé l’accord avec
le Canada et les niveaux de dioxyde de soufre n’ont pas baissé jusqu’en 1990
lorsque la législation fondée sur le consensus scientifique a été finalement
adoptée.
Alors qu’il occupait le poste de responsable scientifique au
Département du Transport de Reagan, Singer avait également mis en cause le
consensus scientifique qu’un trou grandissant dans la couche d’ozone (pôles) était provoqué
par les chlorofluorocarbures (CFC), qui étaient utilisés dans les aérosols, les
réfrigérateurs et les climatiseurs d’air froid. L’industrie des aérosols,
essayant d’empêcher toute législation, avait recruté des scientifiques pour
remettre en cause le consensus scientifique et Singer s’en était mêlé, en
prétendant que la « peur de l’ozone » avait été créée par des
« scientifiques corrompus ». Les scientifiques qui avaient démontré
que les CFC dans la stratosphère détruisaient l’ozone gagnèrent le Prix Nobel,
donc Singer a attaqué le comité Nobel ! Mais finalement, l’argument de
Singer « se révéla faux, lorsque les CFC ont été interdits et que le trou
dans la couche d’ozone commença à se réparer de lui-même* ».
*Il existe une version alternative de cette problématique,
d’après laquelle c’est l’entreprise
DuPont, détentrice du brevet du Fréon© (un CFC, et principal gaz liquide
propulseur utilisé dans les aérosols) qui aurait « inventé »
l’histoire de la cause du trou dans la couche d’ozone. En effet, le brevet du
Fréon allait tomber dans le domaine public, réduisant notablement les royalties
perçues par DuPont, qui a ainsi provoqué un changement de législation qui lui
permettait de déposer le brevet du successeur du Fréon. La seule chose qui est
sûre, c’est que la polémique autour de la couche d’ozone est retombée aussi
vite qu’elle avait surgi. (NdT.)
Néanmoins, malgré qu’il ait eu tort à de nombreuses reprises,
Singer a été recruté par le Heartland Institute pour être le principal
rédacteur de son rapport, le Panel International Non-gouvernemental sur le
Changement Climatique, qui affirme que la combustion des énergies fossiles ne
provoque pas de réchauffement mondial dangereux du climat. En plus de l’argent
qu’il a gagné pour écrire ce livre, il a également été consultant pour
plusieurs autres organisations financées par ExxonMobil, y compris Frontiers of
Freedom (à qui ExxonMobil a versé au moins 1 272 000 $) et le National
Center for Policy Analysis
(à qui ExxonMobil a versé 615 900 $).
Est-ce que Singer croyait en ses arguments sur la fumée
passive, les pluies acides, la couche d’ozone et les combustibles
fossiles ? Cela semble peu probable, surtout si l’on s’en réfère aux
informations provenant de documents qui avaient fuité. Par exemple, en 1965, un
document montrait que les scientifiques de l’industrie du tabac étaient « unanimes
dans leur opinion sur la fumée (du tabac) était … carcinogène. »
Le même schéma semble s’être reproduit par rapport au
réchauffement climatique. Un document montre qu’en 1995 les propres experts
scientifiques de l’industrie pétrolière ont affirmé : « Les
fondements scientifiques sur l’Effet de Serre et l’impact potentiel des
émissions humaines de gaz à effet de serre sont bien établies et ne peuvent
être niées ». Néanmoins, tout comme les cigarettiers continuent de nier
l’existence de preuves montrant que les cigarettes provoquent le cancer,
ExxonMobil a non seulement continué à nier que les émissions dues à la
combustion du pétrole et du gaz provoquaient le changement climatique, mais a
dépensé des dizaines de millions pour payer d’autres scientifiques, comme Fred
Singer, pour documenter un tel déni.
Pendant ce temps, Koch Industries, qui est concerné par divers
types d’énergies fossiles, y compris les sables bitumineux au Canada, a commencé
à investir encore plus de soutien financier sur le négationnisme du
réchauffement climatique qu’ExxonMobil : entre 1997 et 2010, Koch
Industries a dépensé plus de 67 millions de $ dans ce but. En ce
moment, les Koch n’autorisent plus que leurs investissements soient retracés.
Mais leurs contributions n’ont sans doute cessé d’augmenter, comme le suggèrent
des reportages parus dans le Guardian et le Washington Post.
Deux trusts opaques (qui promettent l’anonymat total à leurs
investisseurs), appelés Donors Trust et Donors Capital Fund, ont distribué à
eux deux 118 millions de $ à 102 groupes, selon le Guardian. L’objectif de ces
fonds était « de construire un vaste réseau de groupes de réflexion et de
groupes d’activistes œuvrant vers un seul objectif : redéfinir le
changement climatique à partir de faits scientifiques neutres en une
« question tranchée » extrêmement pointue. Ce flux de financement,
affirme le Guardian, « dépassait de loin le soutien accordé par des opposants
plus visibles aux actions sur le réchauffement climatique tels que l’industrie
pétrolière ou les milliardaires « libertariens » de Koch Brothers ».
Il est cependant possible que la plupart de ces financements soient
venus des Koch : un reportage de 2014 du Washington Post suggérait que ces
deux trusts opaques faisaient simplement partie d’un « Réseau politique
soutenu par les Koch », lequel a levé des fonds à hauteur de 400 millions
de $ pour des projets politiques de droite en 2012.
En tout cas, que Charles et David Koch aient versé plus de 100
millions de $ pour soutenir le négationnisme climatique, ou
« seulement » 67 millions de $, c’était de la petite monnaie pour
eux : en 2010, leur entreprise, Koch Industries, valait 35 milliards de
$ ; en 2013, ils avaient porté leur richesse à 68 milliards de $. Il est
évident qu’ils avaient tout intérêt à trouver un peu de monnaie pour promouvoir
le déni du changement climatique, et donc bloquer toute législation visant à
restreindre la combustion d’énergies fossiles, un investissement rentable.
Qui pourrait
bénéficier des arguments fabriqués de toutes pièces sur le Réchauffement
climatique ?
Il existe une réponse claire à la question de savoir à qui bénéficie le déni du réchauffement
climatique. Mais si la science météorologique est un mensonge, qui
bénéficierait de la diffusion de ce mensonge ?
L’idée que le « gouvernement » - peut-être le
gouvernement américain, ou les gouvernements américain et européens, ou
peut-être la plupart des gouvernements du monde – aient monté de toutes pièces
l’affaire du réchauffement climatique mettrait ce mensonge en parallèle avec
celui du 11 septembre, chacun d’eux étant un mensonge créé par le gouvernement.
Mais cela n’aurait aucun sens. Ni le gouvernement américain ni les
gouvernements en général ne voulaient réduire la combustion des énergies
fossiles. Les climatologues du GIEC* - en fait la plupart des climatologues
partout dans le monde – ont plaidé auprès des gouvernements pour qu’ils
réduisent l’utilisation d’énergies fossiles, mais dans presque tous les pays,
leur utilisation a continué de progresser.
*Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du
Climat (en anglais IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change)
Certaines personnes suggèrent que le
« gouvernement » en question serait les Nations Unies. Mais les
Nations Unies ne sont pas un gouvernement et n’ont aucun pouvoir d’agir hormis
la volonté des nations de suivre leurs propositions – ou, dans le cas du
Conseil de Sécurité, des nations qui le constituent. Les Nations Unies ont créé
le GIEC et soutiennent son travail, mais elles n’ont aucun pouvoir pour agir
sur le changement climatique à part organiser des réunions et publier des
rapports. Et le GIEC n’a pas créé l’idée que les émissions des combustibles
fossiles causaient le réchauffement climatique, qui à son tour provoque des
changements climatiques. Au contraire, le GIEC a été constitué en réponse à un
consensus croissant partagé par les climatologues sur ces relations.
Donc, s’il y a un coupable pour le canular du réchauffement
climatique, cela doit être les scientifiques eux-mêmes. Et c’est en effet eux
qui sont visés par les négationnistes. Par exemple, un film documentaire de
2007, « The Great Global Warming Swindle » (La Grande Escroquerie du
Réchauffement Climatique), prétendait que le consensus scientifique mis en
avant était le produit d’une « industrie activiste du réchauffement
climatique » poussée par le désir de financer la recherche.
Certains climatologues sont effectivement à la recherche de
subventions, et quelques-uns d’entre eux arrivent à en bénéficier. Mais il y a
cinq raisons de douter que le désir des scientifiques d’obtenir des
financements puisse expliquer leurs déclarations sur le réchauffement
climatique :
Bien qu’il y ait beaucoup de supercheries dans le milieu
scientifique – comme il a été largement documenté – les scientifiques qui
s’engagent dans cette voie sont une petite minorité. Bien qu’il y ait de
nombreuses raisons de critiquer la science officielle, peu de scientifiques
s’engageraient volontairement dans la tromperie. Bien sûr, les scientifiques
qui travaillent pour des grandes entreprises ou le gouvernement doivent parfois
falsifier les preuves ou perdre leur emploi. Les adhérents du Mouvement pour la
Vérité sur le 11 septembre croient que tel était le cas des scientifiques du
NIST (National Institute of Standards and Technology), qui ont été chargés de
rédiger les rapports sur l’effondrement des Tours Jumelles et du WTC 7. Mais il
s’agissait là d’un exemple de « science sous contrôle », ce qui,
ainsi que l’a dit Victronix, « est très différent de la science (contrôlée
par ses collègues) qui soutient le réchauffement climatique ».
Même si quelques climatologues importants avaient publié des
preuves truquées du réchauffement climatique, ils n’auraient pas réussi à
persuader la plupart des climatologues par milliers du reste du monde de
soutenir leur faux arguments. Le fait que des scientifiques individuels soient
des escrocs ne fournit pas la preuve que des milliers de scientifiques de par
le monde puissent être persuadés de s’engager dans la voie de la supercherie.
Le soutien à la thèse du réchauffement climatique provient
d’une grande variété de preuves matérielles. L’idée que toutes ces différentes
expérimentations et essais puissent avoir été coordonnés pour soutenir les
mêmes conclusions erronées vous donne le tournis.
Si la plupart des scientifiques étaient principalement motivés
par l’argent, ils auraient choisi une autre carrière. Il est vrai que certaines
personnes, après avoir choisi la voie scientifique pour de nobles raisons, se
sont consacrées à devenir riches au-delà de toute mesure. Mais obtenir des
subventions gouvernementales est rarement le chemin de la fortune. Comme le
disaient Grant et Lamberts : « Dites au négationniste typique du
Changement climatique (TCCD : Typical Climate Change Denier) d’aller sur
n’importe quel parking d’université et de compter les voitures de luxe parquées
près des bâtiments consacrés à la recherche scientifique. Ils n’auront même pas
besoin de tous leurs doigts pour les compter. »
Il y a effectivement des scientifiques qui ont gagné des
sommes significatives en écrivant sur le réchauffement climatique, mais ce sont
des scientifiques qui ont plaidé contre la science climatique. Par exemple (en
plus de Singer), prenez Patrick Michaels, qui a écrit beaucoup de livres et
d’articles avec des titres tels que : « Global Warming Myth »
(Le Mythe du Réchauffement climatique) et Climate of Extremes (Climat des Extrêmes). Michaels a
servi de consultant pour un grand nombre d’organisations niant le réchauffement
climatique financées par ExxonMobil. Et, en 2006, cela a déclenché la colère
lorsqu’on a révélé qu’une association d’électricité issue de centrales au
charbon avait, aux frais de ses adhérents, versé 100 000 $ à Michaels
« pour contribuer à semer le doute sur la question du réchauffement climatique. »
Encore une fois, s’il y a une analogie entre le 11 septembre
et le réchauffement climatique, ce n’est pas entre l’histoire officielle et la
théorie du réchauffement climatique. C’est entre la science météorologique et
la position de la Communauté pour la Vérité sur le 11 septembre. Tout comme un
grand nombre de scientifiques indépendants ont rejeté la version officielle du
11 septembre, la plupart des climatologues rejettent l’idée que le
réchauffement climatique soit un canular.
Et tout comme seuls quelques scientifiques dont les salaires
sont payés par le gouvernement américain ont soutenu la thèse officielle sur le
11 septembre, Singer, Michaels et quelques autres scientifiques rémunérés par
l’industrie des énergies fossiles ont soutenu la négation du changement
climatique. Dans un cas la science indépendante est opposée au
gouvernement ; dans l’autre, la science indépendante s’oppose aux grands
pétroliers et charbonniers. Dans les deux cas, les preuves scientifiques sont
balayées par la puissance de l’argent, que cela provienne du gouvernement ou
des grandes entreprises privées.
La relation entre déni climatique et les attaques du 11
septembre a été décrite comme étant bien plus étroite par un ancien candidat du
Vermont au Sénat américain, Craig Hill. « Ce que le coup monté du 11
septembre et le déni du réchauffement climatique ont en commun », écrit
Jerry Mazza dans un résumé de la thèse de Hill, « c’est le pétrole et le
gaz …, et le désir d’étancher la soif inépuisable pour ces combustibles
fossiles ». En outre, affirmait Hill, tout comme les auteurs du 11
septembre se sont enveloppés dans un mythe et un mensonge scientifiquement
infondé, les compagnies pétrolières ont également « enveloppé les
conséquences désastreuses du réchauffement climatique dans un mythe et un mensonge
scientifiquement infondé. »
En d’autres termes, dit Hill, aussi bien l’administration Bush-Cheney
que les négationnistes du climat financés par ExxonMobil et les Koch ont su imposer
au monde une théorie fausse dénuée de fondements scientifiques, particulièrement
au peuple américain, pour le salut du pétrole. (Il est certain que la
déclaration de Hill devrait être tempérée par le fait que, comme mentionné
précédemment, le pétrole n’était pas le seul mobile des attentats du 11
septembre).
Deuxième
Partie : Les preuves scientifiques réfutent-elles le Réchauffement
climatique ?
En plus de suspecter le réchauffement climatique d’être un
canular, certains adhérents du Mouvement pour la Vérité sur le 11 septembre ont
adopté le point de vue, promu par les négationnistes du changement climatique,
que les faits ne confirmaient pas la théorie du réchauffement climatique. Au
contraire, argumentent leurs dénégateurs, les faits montrent que la théorie du
réchauffement climatique mondial est une supercherie.
Un de ces adhérents est le chimiste australien Frank Legge. En
plus d’avertir Victronix qu’elle devrait « être plus prudente sur le thème
du réchauffement climatique comme argument parce qu’il repose sur des
bases plutôt fragiles du point de vue scientifique », il a écrit en 2008
un article intitulé : « L’urgence du Réchauffement climatique ».
Etant donné que cela remonte à quelques années, j’ai écrit à Legge en novembre
2014 pour lui demander s’il s’en tenait toujours aux arguments de cet exposé.
Il a répondu que s’il l’écrivait maintenant, il mettrait à jour certains
éléments, mais « que le sens général serait exactement le même. »
Legge a dit que la conclusion qu’il y avait une urgence
climatique exigerait de vérifier trois arguments :
-
« le
réchauffement climatique est en cours, n’est pas habituel, et l’affirmation que
la température et le niveau des mers vont continuer à s’élever doit être fondée
sur des données scientifiques solides ;
-
les
températures actuelles et prévisibles sont inhabituelles et dangereuses ;
-
le
réchauffement est principalement dû aux rejets par l’homme du dioxyde de
carbone »
1.- Le réchauffement
climatique est-il significatif et destiné à se poursuivre ?
Cela suggère que le réchauffement climatique mondial, pour
autant qu’il existe, sera limité et à court terme. Legge fonde cette hypothèse
sur plusieurs affirmations émanant de négationnistes de la science climatique.
Données satellites
Dans une de ses argumentations, Legge a écrit : « La
récente période de réchauffement donne des signes qu’elle va prendre fin :
des mesures par satellite de la température atmosphérique mondiale montrent que
la température a baissé au cours de cette décennie ». Pour conforter cet
argument, Legge s’est référé à l’avis de Roy Spencer, un des rares climatologues
qui rejette le consensus de ses collègues. Mais citer les arguments de Spencer
sur les mesures par satellite n’ajoute en rien à la crédibilité de l’hypothèse
de Legge.
Dans les années 1990, Spencer et son collègue négationniste
John Christy ont prétendu que les données des satellites ne montraient aucun
réchauffement – que la troposphère ne se réchauffait pas en conjonction avec le
réchauffement à la surface.
Joe Romm, un physicien qui a fondé Climate Progress – un des
sites web les plus respectés qui traitent de la science du climat – a dit que
Spencer et Christy avaient « créé un des mythes négationnistes les plus
durables », à savoir « que les données des satellites ne montraient
pas le réchauffement mondial qu’indiquait la température de surface ». Un
scientifique a écrit sur le site RealClimate :
« Spencer et Christy ont permis pendant presque une
décennie – et ont même encouragé – l’utilisation de leurs données comme une
icône pour les sceptiques du réchauffement climatique. Ils ont commis des
erreurs en série dans l’analyse des données, mais … n’ont presque rien fait
pour éliminer de possibles sources d’erreurs, et ont laissé aux autres le soin
de faire le ménage dans leur fouillis. »
La manière dont Spencer et Christy avaient traité cette
question, avec quelques autres, a incité Romm à écrire un article
demandant : « Devriez-vous croire quoi que ce soit de ce que disent
John Christy et Roy Spencer ? »
L’effet des îlots de
chaleur urbains
En plus de soutenir l’argument de Spencer de préférer les
données des satellites aux autres preuves, Legge a ajouté : « Il y a
un débat en cours sur le fait de savoir si on a tenu suffisamment compte des
effets de l’empiètement urbain sur les stations de mesure de
température ». Legge se référait ici à l’effet appelé « îlot de
chaleur urbain » (Urban Heat Island ou UHI), qui peut se produire lorsque
les stations météo sont situées dans des zones urbaines où l’air a tendance à
être plus chaud que dans les zones rurales. Son collègue le négationniste climatique
Patrick Michaels a prétendu qu’au moins la moitié du soit disant réchauffement
climatique est du à ce phénomène.
Legge, cependant, a cité le négationniste climatique qui a le
plus insisté sur ce phénomène, l’ancien présentateur météo de télévision Anthony
Watts, qui possède un site web appelé Watts Up With That (Qu’en est-il de ça).
Watts a longtemps prétendu que les enregistrements de température avaient été
faussés par le fait que la plupart des relevés étaient effectués dans des zones
urbaines. En 2010, Watts a écrit : « L’effet UHI est facilement
observable. J’en ai parlé à mes lecteurs depuis que ce blog existe. »
En 2010, quand Watts a fait ce commentaire, pour diverses
raisons il semblait qu’un projet appelé Berkeley Earth Surface Temperature (BEST),
organisé par le professeur à l’Université de Californie Berkeley, Richard
Muller, allait bientôt confirmer les dires de Watts. Comme l’a expliqué Joe
Romm :
Muller avait souvent critiqué la science climatique, croyant
que beaucoup de scientifiques et leurs admirateurs, y compris Al Gore, avaient
exagéré les preuves. En outre, les accusations du « Climategate » lui
avaient fait suspecter que les climatologues avaient « dissimulé des
données discordantes », ce qui l’avait amené à examiner les affirmations
des bloggeurs négationnistes.
Muller a choisi comme climatologue Judith Curry qui, selon
Romm, porte « maintenant la couronne de la personne la plus démentie dans
la blogosphère scientifique » et qui, en fait, « a abandonné la
science ».
Le multimilliardaire négationniste Charles Koch devait
financer l’étude, et Watts et d’autres négationnistes ont même été autorisés à
travailler avec l’équipe BEST.
Cependant, Muller avait choisi de bons scientifiques pour
mener l’étude, y compris un scientifique de pointe Robert Rohde, et l’étude n’a
pas produit les résultats attendus par les négationnistes. Basés sur les
données provenant de 40 000 stations météo du monde entier, les résultats
de l’étude, annonça la BBC, étaient « remarquablement similaires à ceux produits
par les trois groupes établis les plus importants, dont les travaux avaient été
décriés comme non fiables et médiocres dans les cercles de sceptiques » -
à savoir les rapports de la NASA, de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric
Administration), et de la
« collaboration entre l’Office météorologique britannique et
l’Unité de Recherche climatique de l’Université d’East Anglia, dont les
courriels ayant provoqué la fureur du « Climategate » avaient été
piratés . Muller déclara à la BBC : « Notre plus grande surprise
a été que les nouveaux résultats correspondaient aussi et exactement aux
valeurs de réchauffement publiées précédemment par d’autres équipes aux
Etats-Unis et au Royaume-Uni. »
Dans un article du Wall Street Journal, Muller a écrit:
« Lorsque nous avons commencé notre étude, nous avions le
sentiment que les sceptiques avaient soulevé des questions légitimes, et nous
ne savions pas ce que nous allions découvrir. Il s’avère que nos résultats ont
été proches de ceux publiés par des groupes précédents. Nous pensons que cela
signifie que ces groupes ont été très prudents dans leur travail, en dépit de
leur incapacité à convaincre certains sceptiques … Le réchauffement climatique
mondial est une réalité. Peut-être que nos résultats aideront à calmer cette
partie du débat sur le climat. »
Ecrivant dans le New York Times, Muller s’est qualifié
lui-même de « sceptique converti ».
Il croit à présent, dit-il, que les estimations précédentes du
taux de réchauffement étaient correctes et « que tout l’accroissement des
émissions de gaz à effet de serre résulte essentiellement des activités
humaines. »
Avant que le rapport de Muller ne soit publié, Watts avait
écrit : « Je suis prêt à accepter le résultat qui en sortira,
même s’il prouve que mon hypothèse était fausse. Je fais ce pas important parce
que la méthode a de l’avenir. » Cependant, après avoir appris les
résultats, Watts s’est récusé. Il a d’abord refusé d’accepter le rapport de
Muller sous prétexte qu’il n’avait pas été vérifié par ses collègues.
« Lorsque la vérification par la science et les collègues sera
terminée », avait prédit Watts, « les résultats risquent de paraître
différents. »
Cependant, quand le rapport a été publié (dans un journal
vérifié par des collègues), les résultats contenus dans cinq
communications, n’étaient pas différents. Dans une interview, en outre,
Muller a mis en évidence le point principal du rapport concernant les UHI, en
disant « les îlots de chaleur urbains contribuent pour quasiment rien au réchauffement. »
Ce rapport, qui remettait en cause le principal titre de gloire de Watts, n’a
jamais recueilli son assentiment, malgré sa promesse.
Sensibilité : la
Rétroaction est Négative
Les climatologues reconnaissent qu’ils ont une compréhension
imparfaite de la « sensibilité climatique », c’est-à-dire à quel
point la planète va se réchauffer en raison des diverses rétroactions affectant
le climat. La sensibilité est habituellement discutée en termes d’augmentation
de la température provoquée par un doublement de la concentration en CO2
préindustrielle de 275 parts par million (ppm) à 550 ppm. Si la sensibilité est
très faible, le doublement de la concentration de CO2 ne ferait pas augmenter
sensiblement la température de la planète. Mais si la sensibilité est très
élevée, le doublement sera catastrophique. Le GIEC situe l’augmentation
probable de la température entre 2 et 4,5°C, 3°C étant le plus probable, et
James Hansen, dont les idées sont prises très au sérieux par ses collègues
scientifiques, est d’avis que l’augmentation sera plus proche du haut de la
fourchette.
Au contraire, Roy Spencer est d’avis que la sensibilité est
bien plus faible – si faible en fait, selon les dires de Legge, que la
rétroaction sera négative, non positive, si bien « qu’il n’y a pas lieu de
s’alarmer ».
En 2011, Spencer a publié cette opinion dans un article qui a
été sévèrement critiqué par les climatologues. Par exemple, Kevin Trenberth a
écrit :
« Il est évident que cet article n’a pas été correctement
vérifié par les collègues. Il n’aurait pas dû être publié parce qu’il ne
présente aucun intérêt. »
Le fait qu’il ait été publié a provoqué la démission de
l’éditeur du journal, disant que l’article de Spencer était
« fondamentalement erroné et de ce fait avait été accepté à tort »
par le comité de vérification que l’éditeur avait sélectionné.
2.- Réchauffement
actuel et prévisions : ni inhabituel ni dangereux ?
Dans la continuité de l’affirmation de Legge que si jusqu’ici
il y a un certain réchauffement mondial, il est négligeable et à court terme,
il a également affirmé que le réchauffement n’est ni inhabituel ni dangereux.
La période de
l’optimum climatique médiéval
Il a fondé principalement son opinion sur la période de
l’optimum climatique médiéval*, citant des récits négationnistes prétendant que
durant cette période – qui s’est étendue du 10ème au 15ème
siècle – la planète était plus chaude qu’aujourd’hui. Se référant au fait que
les Vikings avaient des fermes au Groenland, Legge affirme qu’ « il
semblerait que la température actuelle n’est de loin pas aussi élevée que
durant la période de l’optimum climatique médiéval. »
*L’optimum climatique
médiéval est aussi appelé réchauffement climatique de l’an mil ou embellie de
l’an mil
Cependant, un article de Skeptical Science
affirmait : « La période de l’optimum climatique médiéval
n’était pas un phénomène mondial. Le réchauffement était concentré dans
certaines régions. » Il y avait en effet des régions qui étaient plus
chaudes qu’elles ne l’étaient en 1990. Cependant, « certaines régions
étaient mêmes plus froides qu’au cours du Petit Age Glaciaire. Prétendre que l’Optimum
Climatique Médiéval (en anglais MWP) était plus chaud qu’aujourd’hui revient à
se focaliser sur quelques régions qui connaissaient une chaleur inhabituelle.
« Si on les considère globalement, les températures durant la période
médiévale étaient inférieures à celles d’aujourd’hui. »
De plus, un rapport de 2012 du journal Geology, dirigé par un
scientifique de l’Observatoire de la Terre Lamont-Doherty de l’Université de
Columbia, a affirmé que « l’optimum climatique médiéval n’était après tout
pas aussi chaud que cela – et certainement pas aussi chaud que le climat
actuel ». Même des îles situées à plus de 600 km au nord de la
Norvège, dit-il, ont connu au cours des 25 dernières années des températures de
2°C à 2,5°C supérieures … aux étés
que connaissaient les Vikings.
La période de
réchauffement actuelle
A la question de savoir si les températures actuelles sont
dangereuses dans le sens où elles peuvent mener à un réchauffement climatique
incontrôlé, Legge est d’avis que cela « semble improbable … étant donné
que cela ne s’est pas produit au cours des périodes de réchauffement
précédentes. » Cependant, cette probabilité ne peut pas être étudiée indépendamment
de ce qui a provoqué le réchauffement récent, que Legge suppose n’être qu’un
exemple de plus de la variabilité naturelle des températures.
L’hypothèse de Legge ne correspond pas aux faits. Un des
problèmes c’est que, après une longue période de baisse, il s’est produit un
accroissement sans précédent de la température mondiale au cours du 20ème
siècle. Un graphique retraçant l’évolution de la température au cours du
millénaire écoulé fait apparaître le 20ème siècle comme une ligne
verticale, faisant ressembler le graphique à une crosse de hockey – un
changement qui ne pouvait pas être considéré comme naturel. Depuis que le
physicien Michael Mann a utilisé ce graphique dans un article de 1998, les
négationnistes ont prétendu qu’il était basé sur des erreurs – disant, par
exemple, que la « crosse de hockey était cassée ». Cependant, les
conclusions de Mann ont été confirmées par plusieurs études utilisant
différentes sources, y compris les forages, les coraux, les carottages de
glace, les stalagmites et les anneaux de croissance des arbres
(dendrochronologie).
La tentative d’expliquer l’augmentation du 20ème
siècle comme un exemple de variation naturelle des températures devient encore
plus difficile selon une étude scientifique de 2013 sur la température mondiale
au cours des derniers 11300 ans. Cette étude montre que la planète, à part
l’optimum climatique médiéval, s’est refroidie pendant 5000 ans. Mais au 20ème
siècle, cette longue période de refroidissement s’est terminée brutalement,
avec un taux de réchauffement depuis 1900 qui est 50 fois plus important que le
taux de refroidissement des 5000 ans précédents.
Les négationnistes du réchauffement climatique essaient
d’expliquer cette élévation de la température mondiale par l’augmentation des
radiations solaires, ce qui était vrai pour l’optimum climatique médiéval.
Cependant, l’accroissement des radiations solaires s’est stabilisé après 1950,
si bien que depuis 1970 les gaz à effet de serre ont été le principal facteur du
réchauffement mondial. Depuis 1970, en fait, le Soleil et la température ont
évolué dans des directions opposées. Alors que le Soleil a connu une légère
tendance au refroidissement, le climat n’a cessé de se réchauffer. Comme un
scientifique l’a formulé : « nous devrions nous rafraîchir, mais ce
n’est pas le cas. »
Ce contraste a été formulé par le physicien Stefan Rahmstorf
de l’Institut de Recherche sur l’Impact du Climat de Potsdam. « En une
centaine d’années, le refroidissement des 5000 dernières années a été annulé »,
dit Rahmstorf. « Sans l’accroissement des gaz à effet de serre provoqué
par l’activité humaine, la lente tendance au refroidissement se serait
poursuivie. »
3.- Le rôle du
dioxyde de carbone
En présentant ce dernier argument – que le CO2 ne peut pas
expliquer le réchauffement récent quel qu’ait été son importance – Legge a
utilisé plusieurs éléments classiques des négationnistes, qui ont tous reçu une
réponse dans la documentation scientifique, et que Skeptical Science a présenté
d’une façon plus systématique.
Le CO2 joue-t-il un
rôle mineur par rapport à la vapeur d’eau ?
Une des raisons pour lesquelles Legge prétend que
l’augmentation du CO2 ne peut pas expliquer grand-chose serait que :
« il joue un rôle mineur comparé à la vapeur d’eau ». Son argument
consiste à dire, que la vapeur d’eau est le gaz à effet de serre prédominant et
qu’il contribue à l’essentiel de l’effet de serre, le CO2 joue un rôle
insignifiant.
Cependant, même si la vapeur d’eau est en effet le principal
gaz à effet de serre, c’est également l’agent rétroactif prédominant. Et lorsque
que les émissions de CO2 font monter la température, l’évaporation augmente,
rejetant plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère, ce qui contribue encore à
augmenter la température. Cela constitue, par conséquent, une boucle
rétroactive positive. La rétroactivité de la vapeur d’eau double le
réchauffement causé par le CO2 seul. Comme l’a expliqué Skeptical
Science :
« Sans aucune rétroactivité, un doublement du niveau de CO2
pourrait réchauffer la planète de 1°C.
A elle seule, la vapeur d’eau double approximativement le montant du
réchauffement du CO2. Si l’on y ajoute les autres effets rétroactifs …, le réchauffement total
causé par un doublement du niveau de CO2 s’élève à 3°C. »
Un autre facteur important, c’est que, alors que la vapeur
d’eau dans l’atmosphère est de courte durée (elle résulte de l’évaporation et
puis retombe sous forme de pluie et de neige), le CO2 y reste pendant près d’un
siècle. Donc une fois que le CO2 est entré dans l’atmosphère, il va augmenter
la vapeur d’eau, avec son puissant effet de serre, pendant une longue durée.
En conséquence, on ne devrait pas dénigrer l’importance du CO2
en comparaison avec la vapeur d’eau. En effet, ils s’associent. C’est la
relation de rétroactivité positive entre eux qui explique pourquoi le climat
est aussi sensible aux émissions additionnelles de CO2.
L’accroissement de
CO2 a suivi l’augmentation de la température ?
Selon Legge, c’est une « vérité qui dérange* » Al
Gore « que la température ait augmenté près de 1000 ans avant
l’accroissement du niveau de CO2 ». Legge se référait au fait que, en se
basant sur les données des carottages de glace des 400 000 dernières années,
les variations de CO2 ont suivi les changements de température avec un décalage
de 600 à 1000 ans. Cet élément a été utilisé par les négationnistes, tels que
le membre du Congrès américain Joe Barton du Texas, pour prétendre que le
réchauffement mondial actuel ne pouvait pas s’expliquer par l’augmentation du
pourcentage de CO2 dans l’atmosphère.
*allusion au film « Une vérité qui dérange » de
David Guggenheim de 2006 basé sur une présentation multimédia d’Al Gore (ancien
Vice-président de Bill Clinton et Prix Nobel de la Paix 2007)
Cependant, alors que l’augmentation de température initiale au
cours de cette période était due à des changements dans l’orbite de la Terre
autour du Soleil, elle a entraîné un processus de rétroactivité positive :
l’augmentation de la température des océans a provoqué des libérations de CO2 dans
l’atmosphère provenant des océans, qui ont accru le réchauffement de la
planète, qui à son tour a provoqué la libération de plus en plus de CO2 des
océans, et ainsi de suite. Ainsi que l’a expliqué Skeptical Science :
« Cette rétroactivité positive est nécessaire pour
déclencher les transitions entre époques glaciaires et interglaciaires car
l’effet des changements orbitaux est trop faible pour provoquer de telles
variations ».
En fait, a poursuivi Skeptical Science : « Alors que
les cycles orbitaux ont déclenché le réchauffement initial, au total, plus de
90% du réchauffement glaciaire-interglaciaire s’est produit après
l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. »
Une pause dans le
réchauffement climatique mondial ?
Dans un troisième argument pour contrer l’augmentation du CO2,
Legge a affirmé que « il est difficile de percevoir une quelconque
corrélation entre l’augmentation du niveau de CO2 et la température au cours de
la dernière décennie ». Cette déclaration reflète un fait apparent qu’alors
que le CO2 et la température de l’air à la surface avaient évolué conjointement
dans les années 1980 et 1990, les deux ont semblé diverger à partir du siècle
actuel ; alors que les ppm de CO2 ont continué à progresser,
l’augmentation de la température de l’air a semblé ralentir. Cette apparence a
mené à tirer la conclusion qu’il y avait un arrêt – ou du moins une pause –
dans le réchauffement climatique mondial.
Cependant, cette conclusion était basée sur l’équation entre
la température de la planète et la température de l’air à sa surface. Il s’agit
d’une grossière erreur, parce que « près de 90% du réchauffement de la
planète est absorbé par le réchauffement des océans. »
Par conséquent, il n’y a pas vraiment eu de pause, mais
seulement – selon les termes de Joe Romm, une fausse pause. Ce qui s’est
produit est qu’un pourcentage plus élevé du réchauffement qu’auparavant, qui a
été absorbé par les profondeurs de l’océan, évidemment en raison des changements
dans les alizés.
Le Jumeau maléfique
du Réchauffement climatique
A peu près la moitié du CO2 d’origine humaine produit depuis
le début de l’ère industrielle a été absorbée par les océans, et cette
absorption a entraîné une acidification des océans, que Jane Lubchenco – qui a
dirigé la NOAA – a appelé le « jumeau également maléfique » du
réchauffement climatique.
L’acidification des océans résulte du fait qu’environ 30
pourcent de nos émissions de CO2 ont été absorbées par les océans. Cette
absorption réduit le réchauffement de l’atmosphère qui serait produit autrement
par ces émissions. Mais cette absorption réduit également le niveau du pH des
océans, rendant ainsi l’eau plus acide. Des tests ont prouvé que depuis la
révolution industrielle, il y a eu une augmentation de 30% de l’acidité de
l’océan. Cette acidité augmente lorsque le CO2 se mélange avec l’eau en
produisant de l’acide carbonique (H2CO3). Tout comme l’acide carbonique ronge
les cavernes calcaires, il fait de même pour les animaux à squelette calcaire,
qui représentent un grand pourcentage de la vie marine. L’augmentation du
pourcentage d’acide carbonique rend extrêmement difficile la calcification des
squelettes de ces organismes, tels que le plancton, les coraux, les crabes, les
moules, les huîtres et les escargots.
A présent, le CO2 de la planète dépasse légèrement les 400 ppm.
S’il atteint les 500 ppm, selon un expert : « vous pouvez dire
adieu à la calcification dans les océans ». Si cela arrive, le
phytoplancton et les coraux vont mourir, ce qui signifiera la mort de tous les
animaux marins, depuis le plancton jusqu’aux baleines en passant par les
poissons. Et cela devrait grandement aggraver le problème de la chaine
alimentaire, parce que les océans constituent la principale source de
nourriture de 3,5 milliards d’individus.
Troisième Partie :
Etat d’urgence climatique
Une fois avoué que la récente augmentation de la température
n’est pas due à une variation naturelle, mais à l’accroissement des gaz à effet
de serre, il devient évident que le changement climatique est dangereux, non seulement
en raison du risque de l’extinction des aliments marins et d’un réchauffement
incontrôlé, qui sont probables si le réchauffement se poursuit, mais également
de diverses conséquences du changement climatique, telles que la montée du
niveau des océans.
Tout en admettant que le niveau des mers ait monté, Legge a
affirmé que « au cours des dernières années, il semblerait qu’il ait
baissé ou du moins qu’il se soit stabilisé. »
Cependant, si le pourcentage de CO2 et d’autres gaz à effet de
serre dans l’atmosphère continue d’augmenter, le niveau des mers, qui a monté
d’environ 20
centimètres au cours du 20ème siècle, montera
beaucoup plus vite au cours de notre siècle. Jusqu’à une période récente, les
scientifiques du GIEC s’attendaient à une montée d’environ 1 mètre en 2100, certains
scientifiques prévoyant près de 2 mètres. Mais en 2015, le météorologue de
pointe James Hansen et 16 de ses collègues ont publié une nouvelle étude concluant
que, si les énergies fossiles ne sont pas radicalement réduites, les océans
pourraient monter de près de 3
mètres avant la fin du siècle.
La mer est déjà montée suffisamment pour forcer des habitants
– tels que ceux du Bangladesh, des Sundarbans (Delta du Gange) et des Iles
Carteret (Papouasie-Nouvelle Guinée) – à émigrer, parce que leurs terres ont
été soit inondées, ou sont devenues trop salées pour être cultivées. Le même
sort menace les zones côtières de nombreux pays, y compris l’Australie, la
Chine, le Japon et les Etats-Unis. « Si vous vivez dans le sud de la Floride
et que vous ne construisez pas de bateau », a dit un professeur de
géologie de Floride, « vous ne regardez pas la vérité en face ».
De plus, bien que la montée du niveau de la mer n’apparaisse
pas comme le danger le plus évident provoqué par le changement climatique causé
par le réchauffement mondial – comme je l’ai documenté dans la première partie
de mon ouvrage :
Unprecedented : Can Civilization Survive the CO2 Crisis ?, le
climat, qui est récemment devenu extrême, va continuer à empirer.
Les vagues de chaleur vont devenir plus chaudes, pour
finalement devenir tellement chaudes que les humains et les plantes ne seront
plus capables de survivre.
Les sécheresses seront plus fréquentes et dureront plus
longtemps, certains endroits devenant secs en permanence ; et le temps sec
provoquera des incendies de plus en plus fréquents et violents.
Les tempêtes en tout genre – pluies torrentielles, tempêtes de
neige, cyclones, ouragans – deviendront plus mortelles.
L’eau fraîche sera de plus en plus rare, en raison de divers
facteurs, y compris le manque de neige et la fonte des glaciers (qui
fournissent la principale source d’eau à des milliards de personnes).
La nourriture deviendra insuffisante en raison de la
sécheresse, de la chaleur excessive, de la montée du niveau des mers, et de la
raréfaction de l’eau fraîche (ainsi que par la perte de la nourriture marine
due à l’acidification des océans).
La montée du niveau des mers et d’autres caractéristiques des
perturbations climatiques vont créer de plus en plus de réfugiés climatiques et
de guerres climatiques.
Contrairement aux suppositions de Legge, nous nous trouvons
bien dans une situation d’urgence climatique.
Le site web de Skeptical Science – qui plaide pour
« devenir sceptiques à propos du scepticisme sur le réchauffement
climatique » - a réfuté (sous la rubrique « Arguments ») plus de
175 affirmations des négationnistes, en commençant par les plus populaires,
telles que : « le climat a déjà changé par le passé »,
« c’est l’effet du soleil », « ce n’est pas si grave » et
« il n’y a pas de consensus ». Dans la plupart des cas, on peut
rapidement prouver que ces affirmations sont fausses avec une petite étude,
donc les gens qui les propagent sont soit des imposteurs soit dupés.
Les imposteurs sont les entreprises qui exploitent les
énergies fossiles, ainsi que leurs complices engagés, qui diffusent ces
affirmations tout en sachant qu’elles sont fausses. Comme cela a été mis en
évidence précédemment, les compagnies pétrolières sont au courant depuis 1995, tout
comme les cigarettiers savent que les cigarettes sont carcinogènes depuis 1965.
Ceux qui sont dupés, sont ceux qui croient ces affirmations
tout en ignorant, comme l’a formulé le journaliste Mark Hertsgaard,
« qu’ils ne font que répéter des arguments qui ont été développés à
l’origine par les grands intérêts financiers. »
De nombreux négationnistes s’identifient au Tea Party, qui a été à l’origine
présenté par la presse comme s’il s’agissait d’un mouvement spontané issu de la
base. En réalité, cependant, il s’agit d’un exemple de spontanéité
artificielle, par laquelle des campagnes apparemment issues de la base ont été
élaborées de toutes pièces pour dissimuler l’identité du parrain. Dans le cas
présent, le Tea Party a été créé par
les frères Koch (dont le père avait été l’un des fondateurs de la John Birch
Society*), et particulièrement par David Koch par le biais de son organisme Americans for Prosperity. Bien que « Americans
for Prosperity » prétende être une organisation issue de la base, et bien
que David Koch ait essayé d’en nier la responsabilité, les preuves démontrent
qu’il s’agit dans une large mesure de sa création – comme mentionné dans le
titre de l’article de Jean Mayer dans le New Yorker : « Opérations
secrètes », ainsi que le titre de l’article du New York Magazine :
« Le Parti du Milliardaire ».
*La John Birch Society est une organisation ultraconservatrice
d’extrême-droite fondée en 1958 ( NdT.)
Les opérations secrètes du milliardaire ne sont menées qu’au
nom de causes qui soutiennent les intérêts financiers de Koch, qui ne sont
généralement pas ceux des membres du Tea Party. Frank Rich a écrit à ce
sujet :
« Lorsque David Koch a postulé à droite de Reagan pour le
poste de vice-président à l’élection de 1980 …, sa campagne demandait
l’abolition non seulement de la Sécurité sociale, des services fédéraux de
réglementation et d’aide sociale, mais aussi du FBI, de la CIA, des écoles
publiques – en d’autres termes, de toute action gouvernementale qui pourrait limiter
ses profits ou augmenter ses impôts. »
Bien que les Koch se désignent eux-mêmes des libertariens, ce
sont des « libertariens qui haïssent la libre-concurrence » (cité
dans un article désignant les frères Koch comme « les plus cupides en
Amérique »).
Dans un article intitulé « Le mouvement du Tea Party :
induit en erreur et inspiré par des milliardaires », George Monbiot a affirmé
que le Tea Party était « principalement composé de gens passionnés et
bien-intentionnés qui croient se battre contre le pouvoir de l’élite, sans se
douter qu’ils sont dans une organisation créée par les intérêts mêmes qu’ils
croient combattre. »
De même, Frank Rich a écrit que les projets des Koch vont
souvent à l’encontre des « intérêts de ceux qui servent de figurants dans
les débats politiques organisés par Fox News », à la suite de quoi Rich a
ajouté : « Les frères Koch doivent se tordre de rire sur le
chemin de la banque en sachant que des Américains laborieux contribuent et se
font les complices de leurs intérêts égoïstes ». Et les frères Koch
continuent, incidemment, à se rendre à la banque : entre 2010 et 2013,
comme mentionné précédemment, ils ont augmenté la valeur de leur entreprise de
35 à 68 milliards de $.
Leur fortune
personnelle est de $ 42.9 milliards (propriétaires de Koch Industries,
principalement dans les produits de base : pétrole, chimie, fibres, papier)
Conclusion
J’ai écrit cet article parce que des membres du Mouvement pour
la Vérité sur le 11 septembre ne devraient pas se laisser abuser par les
entreprises d’énergies fossiles et les organisations de façade qu’elles ont
créées. Etant d’avis que l’administration Bush-Cheney a fourni au public une
version dénuée de fondements scientifiques de ce qui s’est passé le 11
septembre, les membres de ce mouvement ne devraient pas accepter le déni
totalement infondé scientifiquement du réchauffement et du changement
climatique. En considérant la version officielle du 11 septembre comme un
mensonge égoïste vendu par le Pouvoir politique, les membres du Mouvement pour
la Vérité sur le 11 septembre ne devraient pas être dupes du mensonge égoïste
répandu par le Pouvoir financier.
David Ray Griffin est
professeur agrégé de philosophie des religions à l’Université Claremont et à
l’Ecole de Théologie Claremont. Son ouvrage le plus récent est : Unprecedented : Can Civilization Survive
the CO2 Crisis ? (Clarity Press, 2015).
http://www.paulcraigroberts.org/pages/about-paul-craig-roberts/
http://www.forbes.com/billionaires/list/
Traduction Patrick
T rev Isabelle
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